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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/416

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largement orchestrées dans la partie de son œuvre où il avait eu l’occasion de dire toute sa pensée sur le « Nazaréen[1] ».

XV

Naturellement Julien élargissait cette malveillance jusqu’aux Apôtres, qui, soit naïveté, soit sottise, suivirent immédiatement le Christ, comme ils auraient obéi à n’importe quel appel[2]. Dans sa lettre à Photin, il les traite « d’ignares dégénérés », de « pêcheurs théologiens. » Son hostilité se marquait d’une façon spéciale à l’égard de l’apôtre Paul, le grand responsable de la conversion des Hellènes à la religion galiléenne[3]. Julien avait certainement lu les Épîtres : il cite des expressions ou des morceaux de l’Épître aux Romains, de la 1re aux Corinthiens, de la 1re aux Thessaliens, et de l’Épître aux Hébreux. Il déclare que Paul « a surpassé tous les goètes et tous les imposteurs qui furent jamais, où que ce soit… » ; et que, d’ailleurs, il changeait d’opinion selon les circonstances « comme les poulpes changent de couleur selon celle de leurs rochers[4] », tantôt attribuant le privilège de l’héritage divin aux Juifs seuls, tantôt y admettant aussi les Gentils[5]. C’est lui qui a promis aux chrétiens la résurrection dans le Christ, en des termes qui décèlent qu’il n’avait nul sentiment du possible et de l’impossible, ce qui est le signe même de la déraison poussée à bout[6].

  1. P. 176, 13.
  2. P. 238, l. 3.
  3. P. 176, 14.
  4. P. 177, 11. Cf. Misopogon, p. 349 D (Hertlein).
  5. P. 177, 12.
  6. P. 238, l. 10 et 15.