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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/428

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façon mesurée et équitable[1]. Citons, pour clore cette partie de notre étude, quelques vers, dont l’impartialité apparaît généreuse, quand on sait l’animosité que les méthodes tour à tour doucereuses et violentes de Julien avaient laissée après lui.

Parmi tous les princes, il en est un qui ne se déroba point. Il était dans mon enfance, je m’en souviens, un chef d’armée de grand courage, un législateur aussi célèbre par son éloquence que pour son énergique action, un conseiller pour sa patrie ; mais il perdait ce titre quand il y allait de la religion, car il restait le zélateur de trois cent mille dieux : il fut perfide envers Dieu, mais il ne le fut pas envers Rome !

Principibus tamen e cunctis non defuit unus,
Me puero, ut memini, ductor fortissimus armis,
Conditor et legum, celeberrimus ore manuque
Consultor patriae, sed non consultor habendae
Religionis, amans tercentum milia divum.
Perfidus ille deo, quamvis non perfidus urbi.

XX

Au nom de l’empereur Julien, il est deux noms qu’il faut lier, celui de Libanius et celui d’Ammien-Marcellin. Ils lui furent l’un et l’autre profondément dévoués ; ils admirèrent son énergie guerrière et son œuvre de lettré. Mais ils n’apprécièrent pas tout à fait de même son attitude à l’égard des chrétiens. Ammien-Marcellin formule des réserves auxquelles Libanius n’eût point souscrit, car son âme, pourtant bienveillante, nourrissait des rancunes qui,

  1. Apotheosis, v. 50 et s. L’activité de Julien législateur est décrite d’une façon très complète par Wilh. Enszlin, dans la revue Klio, t. 18 (1923), p. 104-199. Saint Ambroise reconnaît que Julien s’était attiré la reconnaissance de ses sujets (de Obitu Valentiniani Consol., xxi).