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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/446

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prêtre païen, Longinien, sollicité par Augustin lui-même, à la suite d’un entretien très cordial, de formuler sa pensée sur le Christ, en tant que « Voie » vers la vie heureuse, lui expliquait, non sans de grands compliments à son adresse, quelle était à son gré la véritable route pour accéder à Dieu. Cette lettre 234 offre un spécimen assez réussi de jargon néo-platonicien :

La meilleure voie vers Dieu est celle où s’engage un homme de bien, — pieux, juste, pur, chaste, véridique dans ses paroles et dans ses actes ; qui a fait ses preuves sans essayer de tirer parti des vicissitudes des circonstances ; protégé par le compagnonnage des dieux, et qui s’est acquis le puissant appui de Dieu, autrement dit, qui s’est empli des vertus de ce Créateur unique, universel, incompréhensible, ineffable, infatigable (ces vertus, vous les appelez, vous autres, des anges ; c’est peut-être quelque autre nature qui vient après Dieu, ou qui est avec Dieu, ou qui se hâte vers lui dans un grand effort de cœur et d’esprit). Telle est la voie, dis-je, par laquelle les êtres purifiés grâce aux pieux préceptes et aux très chastes expiations des rites anciens, et qui ont macéré, âme et chair, dans les pratiques d’abstinence, activent leur course sans jamais la ralentir.

En ce qui concerne le Christ, Longinien ne veut ni n’ose dire à Augustin ce qu’il en pense, car il est bien difficile de définir ce qu’on ne connaît pas.

IV

Nous recueillons aussi chez Augustin, grâce aux allusions qu’il jette dans ses Sermons et dans ses traités, l’écho des brocards dont étaient assaillis les chrétiens, dans leurs rapports courants avec les fidèles des anciens cultes. On les entreprenait sur leur foi en un dieu crucifié, comme si ce Dieu avait pu être autre chose qu’un