Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/464

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même, ait précédé immédiatement la catastrophe. Elles étaient déjà renversées, quand le roi des Goths, Radagaise, lequel était païen, vint assaillir la ville, et subit un complet échec. Alaric, lui, était arien, il est vrai, mais aussi ennemi des idoles, et il a tout de même vaincu. Les raisonnements des calomniateurs ne tiennent pas contre ces faits. ;

Les chrétiens ont souffert, comme les païens, dans leurs intérêts matériels, c’est entendu. Au moins savent-ils tirer de ces épreuves une occasion de devenir meilleurs et de mériter le ciel : aux autres, il ne reste que leur désespoir et leur dénuement !

Quelques lettres, en particulier la 111e et la 138e développent les mêmes arguments, et d’autres qui y sont apparentés.

Mais Augustin sentit que le déséquilibre des esprits était tel qu’il ne parviendrait à les remettre d’aplomb qu’au prix d’un véritable renouvellement de la mentalité publique. Certains de ses amis le pressaient de couper court à la campagne antichrétienne[1]. Et voilà pourquoi il se décida à écrire la Cité de Dieu.

Il devait y travailler treize à quatorze ans. Les trois premiers livres furent publiés à part, et trouvèrent aussitôt une large diffusion. Augustin fut informé que ses adversaires y préparaient une réponse[2]. Il est douteux que cette riposte païenne ait vu le jour, car depuis lors il n’en est nulle part question.


  1. Ép. 136, 3.
  2. De Civ. Dei, V, 26.