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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/481

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duelle de l’Empire, l’invasion des Barbares, la désolation des provinces, — tout ce changement lamentable de la face de l’Empire, si bien qu’on ne peut même plus repérer l’endroit où s’étendaient autrefois les cités.

En somme, pour Zosime, il est une double équation où s’inscrit la vérité de l’histoire : fidélité aux traditions religieuses païennes = grandeur et prospérité de Rome ; mépris de ces mêmes traditions = décadence et malheurs publics[1].

VI

L’Anthologie grecque renferme quelques pièces curieuses du grammairien Palladas d’Alexandrie : une amertume toute pareille y respire. Palladas est mécontent de sa situation, chichement rémunérée par l’avarice des parents, et qui ne lui garantit aucune sécurité[2]. Mais il est plus consterné encore de voir s’écrouler autour de lui tout ce qui fut le support et la gloire de l’Hellénisme :

Les Grecs n’ont plus qu’une ombre de vie. La vie est pour eux comme un songe. Ils traînent une existence morte[3].

Et ailleurs :

Nous autres, Grecs, nous sommes des gens qui ne sont plus que cendres. Nos espérances sont sous terre, comme celles des morts. Car aujourd’hui tout est sens dessus dessous[4] !

Il s’essaie à lancer aux chrétiens quelques allusions malicieuses. Celle de l’épigramme 528 du livre IX[5] n’est

  1. Cf. t. 30, p. 52.
  2. Voy. P. de Labriolle, Les Satires de Juvénal, Paris, s. d., p. 251.
  3. Anthol. gr., X, 82 (Duebner, t. II, p. 267).
  4. Ibid., X, 90 (t. II, p. 88).
  5. T. II, p. 109.