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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/485

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VIII

Après Proclus, l’École d’Athènes eut encore une quarantaine d’années de vie précaire et menacée.

En 529, Justinien, théologastre couronné, peu clément et parfois terrible aux dissidents, prit une mesure décisive que le chronographe Jean Malalas enregistre en trois lignes. Une ordonnance impériale interdit d’enseigner désormais, à Athènes, la philosophie et d’y interpréter les lois[1].

Les maîtres n’eurent d’autre parti à prendre que de se disperser. Un certain nombre passèrent en Perse, auprès du roi Chosroës-Noushirvan. Parmi eux, Simplicius, originaire de Cilicie, était regardé comme un des représentants les plus remarquables du néo-platonisme, dont il avait recueilli les traditions en écoutant Ammonius à Alexandrie, Damascius à Athènes. De retour dans cette dernière ville, n’ayant plus le droit d’enseigner, il écrivit des commentaires sur divers traités d’Aristote et sur l’Enchiridion d’Épictète. En plusieurs endroits, il s’y exprime assez vivement sur le compte des chrétiens. À la doctrine du pardon divin des péchés, il oppose celle du Gorgias sur le dommage encouru par le pécheur lui-même, quand il ne subit aucun châtiment[2]. Au culte chrétien « d’hommes morts » — c’est au Christ et aux saints qu’il songe — il oppose également la divinité du Ciel, incompatible avec cette funèbre liturgie, et dont les chrétiens devraient avoir

  1. Corpus Script. hist. Byz., 15, p. 451.
  2. Comm. sur l’Enchiridion d’Épictète, 246 c (éd. Duebner, Theophrasti Characteresetc., Paris, 1840).