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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/492

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excellaient à éveiller le doute et le scrupule dans le cœur de ceux qui avaient la faiblesse ou la présomption de discuter avec eux[1]. Saint Augustin remarque que le vrai chrétien doit tirer de ces controverses une ferme volonté de pénétrer plus avant dans les mystères de la foi, et se féliciter que ce zèle malintentionné ne lui permette pas de s’assoupir dans une incurieuse jouissance de la vérité[2]. Encore fallait-il répondre d’une façon pertinente aux objections ainsi suggérées. Il était sage de les formuler d’avance, en y liant des réponses appropriées, à l’usage de ceux qu’elles pouvaient atteindre.

Et voilà comment ce procédé didactique, depuis longtemps connu et pratiqué, est devenu entre les mains chrétiennes la plus vivante et la plus actuelle des méthodes — étant entendu, au surplus, qu’une fois trouvée telle solution raisonnable, on la voit reparaître avec quelque monotonie chez presque tous les compilateurs de Quaestiones.

III

Le premier écrivain chrétien qui l’ait systématiquement utilisé dans un ouvrage spécial est, semble-t-il, Eusèbe de Césarée. Son travail sur l’Harmonie des Évangiles se divisait en deux parties. D’abord, deux livres de Questions et Solutions (ζητήματα καὶ λύσεις) sur les récits de l’enfance du Christ dans les Évangiles ; puis un livre où étaient pareillement étudiées les discordances dans les récits de la

  1. Par ex. saint Ambroise cite dans son De Paradiso, vi, vii, viii toute une série de Quaestiones, hostiles à l’Ancien Testament, qui remontaient au gnostique Apelle (quorum auctor Apelles).
  2. In Ioh. tract., 36, 6 ; cf. Sermo, li, 11 ; De Vera Relig., 15.