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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/502

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et il est difficile d’échapper à sa démonstration — que nous avons affaire à une rédaction tardive, parachevée à une époque où le paganisme avait cessé d’être redoutable politiquement. À soi seule, la quaestio 126 (on en lira plus loin la teneur[1]) et la réponse qui y est faite, rend vaine toute tentative pour placer ces écrits avant la proscription définitive de la vieille religion, c’est-à-dire avant le ve siècle.

V

De la riche substance de ces opuscules (qui mériteraient une étude approfondie), nous ne retiendrons que ce qui intéresse notre objet propre, en glanant les objections les plus significatives[2].

La Quaestio 66[3] est expressément rapportée aux « incrédules » (ἀπιστοί). Ceux-ci remarquent que le Sauveur est constamment appelé « le Fils de l’Homme » (ὑιὸς τοῦ ἀνθρώπου). L’Évangile ne dit pas ὑιὸς της ἀνθρώπου, au féminin. Ils en prennent texte pour soutenir que Jésus est d’une union conjugale ordinaire, selon la loi de toute créature simplement humaine.

La « réponse » est, en résumé, celle-ci : si le Sauveur était né d’une union conjugale ordinaire, saint Luc n’aurait pas écrit qu’il était, « croyait-on », le fils de Joseph. Il est d’ailleurs absurde, parce qu’une expression n’a pas toute la clarté requise, d’annuler tant de déclarations où le Christ est clairement désigné comme né de l’Esprit-Saint

  1. P. 503.
  2. Textes d’après le Corpus Apologetarum de Otto, t. V.
  3. Éd. Otto, V, 94 = Quaestio II, dans le ms. de Constantinople.