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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/504

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térité nombreuse, abondantes moissons), d’où vient qu’il ait assuré les mêmes avantages aux Gentils, alors que partout ils adoraient les idoles ? Ne jugerait-on pas que le paganisme est plus saint, car, tant qu’il fut le maître des cités, la prospérité et l’abondance régnaient dans les villes et les campagnes et pourtant les guerres étaient plus fréquentes[1] ? Or, depuis que la prédication chrétienne s’y est installée, elles ont subi les plus graves déficits en maisons, en habitants, en bien-être de tout genre, et c’est à peine si les vestiges des édifices autrefois construits par les Hellènes laissent soupçonner que des villes ont vécu jadis florissantes. En sorte que la prospérité ancienne, et cette solitude toute nouvelle, ne peuvent être imputées qu’aux effets de l’un et l’autre culte.

Il suffira de résumer les articles essentiels de la réponse à cette objection, dont on sait la fortune lors de la catastrophe d’Occident.

1o La Providence répand indifféremment ici-bas la prospérité sur les bons et sur les méchants. Seulement les justes apprennent de leurs épreuves à attendre une autre vie, où chacun sera rémunéré selon ses mérites ; 2o Nul ne saurait montrer présentement des désastres pareils à ceux qui ont jadis anéanti Babylone, Ninive, etc. ; 3o Ruine et prospérité ne sont pas les signes révélateurs d’une supériorité morale quelconque. Ce qui importe, ce sont les libres actes humains. Or quand les païens dominaient, des sacrifices étaient offerts au démon, un culte était rendu aux choses inanimées. Ces cérémonies abominables, le christianisme triomphant les a interdites ; 4o Enfin il y a moins de guerres, depuis sa victoire, qu’au temps où florissait le paganisme.

Les divergences entre les deux généalogies du Christ — celle de saint Matthieu et celle de saint Luc — déjà exploi-

  1. Tel est le texte du ms. de Paris. Le ms. de Constantinople ajoute une négation « et, qui plus est, sans soutenir de plus fréquentes guerres ». La réponse orthodoxe invite à préférer le texte du ms. de Paris.