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purifier une atmosphère à ce point épaissie et chargée ? Quelques-uns le crurent. Dès l’année 125 jusqu’à la fin du règne de Marc-Aurèle (180) une douzaine au moins d’Apologies — c’est-à-dire de plaidoiries, de mémoires justificatifs — furent lancées, avec le dessein avoué d’agir sur l’opinion. C’étaient le plus souvent des suppliques présentées à l’empereur, ou aux empereurs ; quelquefois aussi des manifestes adressés au grand public, tout au moins aux gens pondérés, supposés capables d’écouter des raisons et même de s’y ranger après les avoir comprises.

En somme, le christianisme, au cours du second siècle, émerge au grand jour et s’impose à l’attention générale.

À l’intérieur même des Églises, la nécessité, toujours mieux sentie, d’interpréter le fait chrétien suscitait d’ardentes controverses, et toute une floraison d’écrits. Le « gnosticisme » obligeait la pensée catholique à se faire raisonneuse, à se définir intellectuellement, métaphysiquement ; à créer une théologie, une exégèse. Il ne peut être question ici de classer les diverses écoles gnostiques — c’est d’écoles qu’il faut parler, plutôt que d’églises, sauf pour le marcionisme — orientées les unes vers le judaïsme, les autres vers l’hellénisme pur, d’autres encore sensiblement plus proches du christianisme proprement dit, auquel elles veulent rester liées, tout en volatilisant certaines données traditionnelles.

Notons l’utile secours que les « païens » désireux de repérer les points vulnérables de la foi purent tirer de ces discussions, pour autant qu’ils les connurent. Celse, nous le verrons, paraît s’en être informé. Et il est probable que, par des voies détournées, plus d’une arme forgée par tel