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tique chrétienne, mais à l’idée même d’une « Révélation ».

Ces controverses se sont prolongées fort au delà de la première entente entre l’Église et l’Empire. J’ai pu en suivre la trace jusqu’au vie siècle. Naturellement c’est surtout chez les protagonistes païens, Celse au iie siècle, Porphyre au iiie, l’empereur Julien au vie, qu’il convenait d’étudier les arguments mis en œuvre. Mais quantité de textes peu connus ou peu exploités m’ont livré des données significatives : on les trouvera ici, transposées en français (souvent pour la première fois), et rangées dans le cadre historique qui en explique le contenu et l’accent.

II

Que ces polémistes païens aient commis de coûteuses maladresses, on le verra bientôt. Nul ne saurait pourtant mettre en doute la pénétration parfois aiguë de leur sens critique. On ferait assez vite le bilan de ce que les modernes ont ajouté de vraiment essentiel aux objections qu’ils avaient su former déjà : « Chaque fois, remarque M. Bidez[1], que le rationalisme fut aux prises avec la révélation chrétienne, il n’eut guère qu’à répéter ce que Porphyre avait dit. » Quand, au xvie siècle, dans son fameux Colloque qui devait exciter vivement la curiosité d’hommes tels que Huet, Leibnitz et Bayle, Jean Bodin fit controverser un catholique, un calviniste, un luthérien, un islamite, un juif, un partisan de la religion naturelle et un indifférent, sur les diverses religions, c’est aux porte-parole du paganisme

  1. Vie de Porphyre (Univ. de Gand. Recueil des Travaux…, fasc. 43, 1913, p. 74). Comp. Paul Monceaux, dans le Journal des Savants, 1929, p. 243.