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histoire naturelle

morceaux de trois décimètres carrés de surface ou environ ; et on entasse ces morceaux dans les tonnes.

Veut-on le faire fondre, soit à bord du navire, comme les Basques le préféroient ; soit dans un atelier établi à terre, comme on le fait dans plusieurs contrées, et comme les Hollandois l’ont pratiqué pendant longtemps à Smeerenbourg dans le Spitzberg ?

On se sert de chaudières de cuivre rouge, ou de fer fondu. Ces chaudières sont très-grandes : ordinairement elles contiennent chacune environ cinq tonneaux de graisse huileuse. On les pose sur un fourneau de cuivre ; et on les y maçonne pour éviter que la chaudière, en se renversant sur le feu, n’allume un incendie dangereux. On met de l’eau dans la chaudière avant d’y jeter le lard, afin que cette graisse ne s’attache pas au fond de ce vaste récipient, et ne s’y grille pas sans se fondre. On le remue d’ailleurs avec soin, dès qu’il commence à s’échauffer. Trois heures après le commencement de l’opération, on puise l’huile toute bouillante, avec de grandes cuillers de cuivre ; on la verse sur une grille qui recouvre un grand baquet de bois : la grille purifie l’huile, en retenant les morceaux, pour ainsi dire, infusibles, que l’on nomme lardons[1].

  1. On remet ces lardons dans la chaudière, pour en tirer une colle qui sert à différens usages ; et après l’extraction de cette colle, on emploie à nourrir des chiens le marc épais qui reste au fond de la cuve.