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des cachalots.

Il n’est qu’un produit des excrémens du cachalot ; mais ce résultat n’a lieu que dans certaines circonstances, et ne se trouve pas par conséquent dans tous les individus. Il faut, pour qu’il existe, qu’une cause quelconque donne au cétacée une maladie assez grave, une constipation forte, qui se dénote par un affoiblissement extraordinaire, par une sorte d’engourdissement et de torpeur, se termine quelquefois d’une manière funeste à l’animal par un abcès à l’abdomen, altère les excrémens, et les retient pendant un temps assez long pour qu’une partie de ces substances se ramasse, se coagule, se modifie, se consolide, et présente enfin les propriétés de l’ambre gris.

L’odeur de cet ambre ne doit pas étonner. En effet, les déjections de plusieurs mammifères, tels que les bœufs, les porcs, etc. répandent, lorsqu’elles sont gardées pendant quelque temps, une odeur semblable à celle de l’ambre gris. D’ailleurs, on peut observer, avec Romé de Lille[1], que les mollusques dont se nourrit le macrocéphale, et dont la substance fait la base des excrémens de ce cétacée, répandent pendant leur vie, et même après qu’ils ont été desséchés, des émanations odorantes très-peu différentes de celles de l’ambre, et que ces émanations sont très-remarquables dans l’espèce de ces mollusques qui a reçu, soit des Grecs anciens, soit des Grecs modernes, les noms de

  1. Journal de physique, novembre 1784.