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histoire naturelle

tion du voyage en Islande de MM. Olafsen et Povelsen, on ne doit pas douter que le macrocéphale ne soit assez vorace pour saisir un bateau pêcheur, le briser dans sa gueule, et engloutir les hommes qui le montent : aussi les pêcheurs islandois redoutent-ils son approche. Leurs idées superstitieuses ajoutent à leur crainte, au point de ne pas leur permettre de prononcer en haute mer le véritable nom du macrocéphale ; et ne négligeant rien pour l’éloigner, ils jettent dans la mer, lorsqu’ils apperçoivent ce féroce cétacée, du soufre, des rameaux de genévrier, des noix muscades, de la fiente de bœuf récente, ou tâchent de le détourner par un grand bruit et par des cris perçans.

Le macrocéphale cependant rencontre dans de grands individus, ou dans d’autres habitans des mers que ceux dont il veut faire sa proie, des rivaux contre lesquels sa puissance est vaine. Une troupe nombreuse de macrocéphales peut même être forcée de combattre contre une autre troupe de cétacées redoutables par leur force ou par leurs armes. Le sang coule alors à grands flots sur la surface de l’océan, comme lorsque des milliers de harponneurs attaquent plusieurs baleines ; et la mer se teint en rouge sur un espace de plusieurs kilomètres[1].

  1. Traduction du Voyage en Islande de MM. Olafsen et Povelsen, tome IV, page 480.

    Le P. Feuillée dit, dans le recueil des observations qu’il avoit faites en