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histoire naturelle

molle, et qui, cédant aux impressions des objets, peut transmettre ces impressions aux organes intérieurs de l’animal. Sa queue très-flexible peut s’appliquer à une grande partie de la surface de plusieurs de ces objets. On pourroit donc supposer dans le dauphin un toucher assez étendu pour qu’on ne fût pas forcé, par la considération de ce sens, à refuser à ce cétacée l’intelligence que plusieurs auteurs anciens et modernes lui ont attribuée.

D’ailleurs, le rapport du poids du cerveau à celui du corps est de 1 à 25 dans quelques dauphins, comme dans plusieurs individus de l’espèce humaine, dans quelques guenons, dans quelques sapajous, pendant que dans le castor il est quelquefois de 1 à 290, et, dans l’éléphant, de 1 à 500[1].

De plus, les célèbres anatomistes et physiologistes, M. Sœmmering et M. Ébel, ont fait voir qu’en général, et tout égal d’ailleurs, plus le diamètre du cerveau, mesuré dans sa plus grande largeur, l’emporte sur celui de la moelle alongée, mesurée à sa base, et plus on doit supposer de prééminence dans l’organe de la réflexion sur celui des sens extérieurs, ou, ce qui est la même chose, attribuer à l’animal une intelligence relevée. Or le diamètre du cerveau est à celui de la moelle alongée dans l’homme, comme 182 est à 26 ; dans la guenon nommée bonnet chinois, comme 182 est

  1. Leçons d’anatomie comparée du citoyen Cuvier.