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des baleines.

de graisse, ont à proportion beaucoup moins de sensibilité dans cette même peau.

La grandeur, la mollesse et la mobilité de la langue, ne permettent pas de douter que le sens du goût n’ait une sorte de finesse dans la baleine franche. La voilà donc beaucoup plus favorisée que les poissons pour le goût et pour le toucher, quoique moins bien traitée pour ces deux sens que la plupart des mammifères. Mais quel degré de force a, dans cet animal extraordinaire, le sens de l’odorat, si étonnant dans plusieurs quadrupèdes, si puissant dans presque tous les poissons ? Ce cétacée a-t-il reçu un odorat exquis, que semblent lui assurer, d’un côté sa qualité de mammifère, et de l’autre celle d’habitant des eaux ?

Au premier coup-d’œil, non seulement on considéreroit l’odorat de la baleine comme très-foible, mais même on pourroit croire qu’elle est entièrement privée d’odorat ; et dès-lors combien l’analogie seroit trompeuse relativement à ce cétacée !

En effet, la baleine franche manque de cette paire de nerfs qui appartient aux quadrupèdes, aux oiseaux, aux quadrupèdes ovipares, aux serpens et aux poissons, que l’on a nommée la première paire à cause de la portion du cerveau de laquelle elle sort, et de sa direction vers la partie la plus avancée du museau, et qui a reçu aussi le nom de paire de nerfs olfactifs, parce qu’elle communique au cerveau les impressions des substances odorantes.