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neige tombant à travers notre cabane, vint éteindre les derniers restes du feu qui ne devait plus se rallumer. Je tremblais de tous mes membres, la faim, le froid, l’anxiété, la peine m’accablaient. Ma fille — elle n’avait que douze ans — s’approcha de moi — me prit les mains, dans les deux siennes et me dit — ici il y eut une longue pause et le missionnaire n’était pas celui qui pleurait le moins — : maman donne-moi tes mains, je vais les réchauffer dans les miennes ; ne pleure pas tant, grand papa et grande maman sont au ciel où nous irons bientôt.

— Ma fille, dis-je, nous n’avons rien à manger.

— Mais, maman, pour aller au ciel, nous n’avons pas besoin de nourriture.

Après qu’elle eut dit ces paroles, je sentis.