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Page:Lacasse - Trois contes sauvages, 1882.djvu/6

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chant pendant des journées de tempête, au milieu des bois ou traversant de grands lacs, et revenant le soir, tristes et abattus, sans avoir une bouchée de nourriture pour apaiser leur faim. Voyez-les placer la main sur leur cœur, pour en comprimer les battements, quand leurs petits enfants crient : papa ! pourquoi ne nous donnes-tu pas à manger ? Es-tu fâchée contre moi, maman ? Si tu savais comme j’ai faim !… tu ne me réponds pas seulement… Pour toute réponse, la mère humecte de l’abondance de ses larmes, les froides branches de sapin qui la séparent d’une couche de neige de six pieds.

Le lendemain, le père, plus heureux, apportera un lièvre ou une perdrix et dix ou douze personnes se partageront ce peu de nourriture.