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La lutte s’engagea corps à corps. Le premier souvenir que j’ai rapporté de ce combat est celui-ci :

Notre curé monta en chaire. Il lut un sermon où se trouvaient ces mots : « Ne votez pas pour les écoles mixtes. » Chaque curé en fit autant, et le projet fut écrasé dans notre province. Je me rappelle les injures lancées par les vaincus à la face de nos bons prêtres pour avoir dit en chaire à leurs paroissiens de ne pas voter pour avoir des écoles mixtes, des écoles sans Dieu. Monsieur l’abbé Labelle, curé de Repentigny, s’était distingué dans un sermon sur les droits des parents et de l’Église catholique à veiller sur l’instruction des enfants. Il passait pour un modèle de prudence apostolique et était très vertueux. On lui dit qu’il ferait bien mieux de s’occuper de sauver les âmes que de se mêler de politique, — ce qui n’était pas de ses affaires.

Vous comprenez, mes chers amis, toute la portée de ces misérables paroles.

Essayons de mettre la chose au clair. Nos bons curés, qui veulent le salut de leurs paroissiens, sous la direction de nos évêques, ont répété ce que disent les Papes enseignant depuis saint Pierre, le premier de tous, après Jésus-Christ : « Soyez forts et veillez, car le diable, votre adversaire, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui dévorer. »

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