Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/119

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— Non, je ne me mettrai pas à genoux. Il n’y a que les moutons qui se mettent à genoux pour se coucher.

— Dans la classe, ici, comme dans la famille de ton père, il ne doit y avoir qu’un maître. Passe la porte et suis-moi chez Monsieur le Supérieur, à qui toi et moi devons l’obéissance.

— Je vais m’en aller avec plaisir, dit-il. Et il prit ses livres et se sauva chez lui en disant : « Je m’en vais chez papa. »

Pour l’intelligence du cas, il faut vous dire qu’il y avait eu un procès entre le Curé et ses paroissiens aux idées modernes. Le dit papa, adversaire du curé, avait été humilié.

Arrivé à la maison de son père, l’enfant entra par la porte du cabaret où il savait le trouver à jouer aux cartes avec ses amis. « Papa », dit-il, « je ne veux pas aller au collège ici ; on a un maître qui ne veut pas nous enseigner. Il ne fait que prêcher. Il a voulu me faire mettre à genoux et j’ai passé la porte. »

Un des assistants que l’affaire ne regardait pas plus que celle du roi de Prusse, prit la parole le premier : « Mettre un enfant à genoux dans le 19e siècle ! C’était bon pour les siècles d’ignorance, mais maintenant que l’homme a reconquis ses droits, ordonner à l’enfant d’un citoyen libre de se mettre à genoux, comme un mouton, est