Aller au contenu

Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chers amis, que cet enfant se mit résolument à son devoir. Il devint un modèle d’application et de piété, réussit très bien dans ses classes, quoique ses talents ne fussent pas de première force. N’ayant point d’attrait pour la noble profession d’agriculteur, il se sentit porté vers un état inférieur, mais honorable. De simple commis il devint marchand propriétaire et commanda le commerce dans un vaste district agricole. Dieu lui fit la grande faveur de le retirer des affaires avant qu’il devînt millionnaire.

Dans sa vieillesse, il aimait à répéter les paroles d’un chapelain de la congrégation des jeunes gens : « Vous avez, mes jeunes amis, la noble ambition de faire quelque chose de grand pour vous, pour vos parents, pour la Patrie. Très bien ; mais rappelez-vous que tout ce qui est opposé au bien de vos frères est opposé à Dieu ; qu’il est le point d’appui de votre force intellectuelle ; que, sans cet appui, vous seriez aux loges, au lieu d’être millionnaire ; pensez bien à cette grande vérité avant de faire usage de la grosse fortune que Dieu est disposé à vous donner. Vous connaissez tous l’histoire du mauvais riche qui s’est damné à cause de son injustice envers un seul pauvre… »

Ces paroles restèrent gravées dans l’esprit de ce jeune homme, grand ami du

124