Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/146

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lut jamais permettre à ses filles de parler français. « C’est le seul moyen, » disait-il, « de se garder « iliniou », l’homme qui vit. Puis une fois en me regardant, il me dit : « Je suis certain de ne pas me tromper, car le Père Arnaud me dit que je suis du côté du grand manitou. »

Admirons ici, chers lecteurs, la conduite gouvernementale de ce chef d’état, qui travaille à sauver son peuple en union avec l’Église. Ce qui réussit à rendre heureuse une peuplade sauvage, peut avoir le même succès dans un vaste empire. Que le pouvoir temporel, absolu dans sa sphère, comme nous l’avons déjà dit, laisse l’Église agir dans la sienne et l’aide de toutes ses forces à pousser les fidèles vers leur fin dernière, vers le salut de leurs âmes ; alors les fidèles de l’Église et les citoyens de l’État jouiront après leur mort d’un bonheur sans fin dont ils auront un avant-goût en ce monde. Nous allons voir le zèle de ce chef Estlo pour procurer le bonheur des sauvages.

Un hiver qu’il était monté chasser à la hauteur des terres, il rencontra une famille de sauvages Naskapis. Il l’exhorta de venir à la mer voir l’homme de la prière, l’envoyé du Grand Manitou qui avait un message spécial pour Natsipi et les Naskapis qui chassaient à la hauteur des terres. « Nous partirons ensemble, au départ des glaces, pour la mer. En attendant, voici des mé-

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