Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/148

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le troisième bâton, planté bien droit et un peu éloigné des autres : « Je t’attendrai à Bethsiamits, sous ma tente, c’est-à-dire, je te nourrirai. » Mais le chasseur sauvage, désappointé, ne voulait pas partir ; il ne voulait plus descendre. Son épouse ne cessait de le presser. « Allons voir la maison de la prière qui est si belle, paraît-il, puis nous reviendrons à notre terrain de chasse. » Après deux jours d’hésitation, Natsipi décide d’aller voir la belle maison du Grand Manitou. Ils partirent, lui, sa femme et ses quatre enfants. Après deux heures d’aviron, ils mirent à terre pour faire le portage d’un long rapide. Natsipi chargea le canot sur ses épaules et partit en courant. Quelle ne fut pas sa surprise de voir, en arrivant au bout du portage, un homme de haute taille, d’une belle apparence, habillé comme un chef, lui dire en bon sauvage : « Ne crains rien. Je ne veux te faire aucun mal ; je viens seulement te dire de ne pas aller voir la robe noire, car je te ferai mourir de faim l’an prochain. » Puis il disparut tout à coup dès qu’il vit la femme arriver avec ses quatre enfants. Celle-ci avait entendu quelqu’un parler à son mari, mais elle n’avait rien vu.

« Ma femme », dit Natsipi, « nous n’irons pas plus loin ; nous allons retourner dans nos bois. » Mais son épouse tint bon : elle voulait voir la « maison du ciel » de l’hom-

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