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Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/168

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procurer une situation à un jeune garçon instruit, mais de parents très pauvres. « Si son père ne peut le faire vivre, qu’il lui achète une hache et que son fils s’enfonce dans le bois. » Je répondis : « Il va tellement s’enfoncer dans le bois avec sa hache qu’il faudra un bon coin de fer pour l’en sortir. » Parler comme ça, mes bons amis, c’est parler en bébé. Voyons les choses qui sont de première nécessité, au colon, outre sa hache. Il lui faut un sac de farine et cent livres de lard pour commencer, un chantier, un puits, un poêle, un chaudron, une poêle, tasses, couteaux, fourchettes, seau ou chaudière, petite chaudière à thé, outils propres au déboisement ou au défrichement de la terre. Deux bœufs ou chevaux, une voiture de charge. Toutes ces choses sont de première nécessité, on ne les a pas pour rien. Envoyer dans les bois avec une hache un jeune homme qui n’a rien, est un songe-creux. Autant vaudrait lui acheter une verge à mesurer et lui dire d’aller prendre magasin à Québec ou à Montréal. Il faut absolument l’aider, il lui faut un protecteur, un autre ange gardien. Le colon qui a un protecteur devient fondateur d’une paroisse. Une paroisse ! la plus grande force sociale et religieuse que nous ayons à notre disposition : ces mots, social et religieux, sont inséparables pour un Canadien catholique, comme on nous l’a enseigné à notre première communion.

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