Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’était un de nos voisins qui avait la manie d’être gouailleur à l’excès. Il s’en allait à sa prairie, l’objet de nos ardents désirs.

— Écoute donc, Zacharie, as-tu vu ce que faisait mon gros « Terreneuve » que j’ai attaché à la barrière pour empêcher les animaux de passer ? Nous nous regardâmes, humiliés : nous avions eu peur d’un chien.

— Il jappe, dit Alphonse, comme un ours furieux.

— Je ne connais pas le cri de l’ours, répondit notre voisin. Moi, voyez-vous, je ne suis pas un chasseur.

— Eh ! bien, monsieur, un ours jappe comme un chien, surtout un chien de Terreneuve, dit Pacôme. Alphonse, qui est un franc-tireur, nous dit qu’il en a déjà tué deux d’un seul coup de fusil.

— La chose arrive quelquefois, reprit le voisin. Il y en a souvent un des deux qui meurt de peur après avoir contemplé le chasseur.

Pacôme s’empressa de changer le sujet de la conversation en demandant où nous pourrions trouver de l’eau. Nous mourrions de soif.

— L’eau, messieurs, est une chose nécessaire, dit-il en me faisant un clin d’œil, surtout dans le mois de juillet.

49