croyions que vous étiez accoutumé. Je vais aller vous chercher un peu de gentiane pour vous remettre le cœur. » Je me laisse affaisser sur un siège du jardin ; je n’ose regarder personne, et cependant on m’accable de sympathiques excuses. Mais ma maladie se passa aussitôt sous l’effet des remèdes. Pour le coup, j’en avais assez et je demandai à partir pour aller chez ma tante. Mademoiselle L’Heureux voulut me garder. « Pas pour mille bâtons d’or pur ! Il me faut partir. »
Mademoiselle Imelda fut bien gentille. « Mon cher cousin », me dit-elle, « je vous remercie en mon nom et en celui de mes compagnes de tout le plaisir que vous avez bien voulu nous donner aujourd’hui (à mes dépens), en ce jour de fête que ma bonne mère m’a préparé et que je n’oublierai jamais (ni moi non plus). Et si un jour vous montez à l’autel du Seigneur, selon vos désirs, j’espère que vos parents et amis qui ont passé des heures si agréables en votre compagnie, ne seront pas oubliés par celui dont ils ont admiré le talent. » (J’avais déclamé une fable de LaFontaine pendant trois minutes.) Je répondis par un de mes plus grands efforts d’éloquence dont la renommée se répandit jusqu’aux extrémités les plus reculées de la cuisine du château. Je dis à l’héroïne du jour toute ma joie d’avoir assisté à sa fête patronale et je remer-