Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/8

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que j’aime de tout mon cœur. Commençons et rien que pour nous, car il y aura des choses qui ne seront pas convenables pour tout le monde.

« Le 9 mars 1845, le soleil brille d’un éclat particulier, jamais ces rayons ne furent plus purs. Il semblait, ce matin-là, concentrer tout son éclat sur une maisonnette de 32 x 26. Tout à coup les astronomes sont déconcertés, ils constatent un phénomène étrange : sans cause connue, il y a une éclipse… je venais de naître… et le plus faible des deux astres avait dû céder pendant que la vieille Dominique Pauzé chantait à s’enrouer :

Dans le rang pas débouché
Il y a un petit enfant de né
Avec un beau gros nez.

Tu t’en souviens, toi : tu n’avais pourtant que six ans. Dans notre famille on est précoce. Ce fut aussi toi qui me donnas une des premières caresses : j’en porte encore sur la joue une marque grosse comme un pois qui, dit-on, me déguise, funeste conséquence de l’amour à l’âge de six ans. Les voisines arrivèrent et s’extasièrent sur la beauté de l’enfant. « Comme il ressemble à Julienne », sa sœur, disait l’une. « Comme il a les dents blanches », disait l’autre… Non, je me trompe, car on dit que je suis venu au monde pas de dents comme tous les autres enfants, ce que j’ai beaucoup de

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