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Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/90

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conscience trop délicate pour manquer à l’honneur. Je gagnai mon point.

Je me rendis chez mon oncle, où pendant deux jours nous parlâmes des hommes et des choses, et surtout des chemins de colonisation, des ponts et des clôtures. Le dimanche, nous nous rendîmes à Saint-Théodore ; comme mon oncle restait loin de l’église, nous arrivâmes les premiers.

Le ciel s’assombrissait, de gros nuages menaçants flottaient dans l’espace ; je commençai à craindre que des flots plus impressionnants que ceux de mon éloquence ne vinssent me faire perdre l’occasion de sauver ma belle province de Québec et de me faire valoir comme libérateur.

Au sortir de l’église, l’orage était dissipé. Je montai sur ma pile de planches et je fus présenté à la foule par mon oncle comme étant un jeune phénomène politique, un de ces météores lumineux qui apparaissent à de longs intervalles pour attirer l’attention des peuples, etc., etc… Je débutai par ces paroles :

« Nobles et intelligents électeurs du beau et grandiose comté de Montcalm :

« Le mot d’élection, comme un coup de foudre, est tombé dans les rangs de la foule. Réveillé par la commotion, j’ai surgi de ma couche de repos en criant à mes amis : « Vaincre ou mourir est ma devise. » Oui, à ce grand mot d’élection j’ai senti

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