Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/124

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Quand je bois du vin, mon cœur est en joie ;
Les vastes projets, les soucis amers,
Je les sème au vent, et le vent les noie
Dans le flot des mers.

Quand je bois du vin, le Dieu des ivresses
Berce mes esprits d’amoureux désirs ;
Je sens à ma tempe errer les caresses
Des tièdes zéphyrs.

Quand je bois du vin, sous la treille ombreuse
De fleurs je verdis mon front argenté,
Et je chante, heureux, d’une vie heureuse
La tranquillité.

Quand je bois du vin, parfumé d’essence,
Je presse une vierge en mes bras épris :
Dans ma veine en feu sentant sa présence,
Je chante Cypris.

Quand je bois du vin, déliant sa chaîne,
Mon esprit s’épanche en libres gaîtés ;
A la danse, aux jeux, ma vieillesse entraîne
Les vertes beautés.

Quand je bois du vin, ma coupe est remplie
Des vrais biens qu’un jour la mort doit tarir.
Tout passe : effeuillons la vigne et la vie ;
Il nous faut mourir.