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Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/141

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Qu’il est doux d’errer par ces plaines
Et doux d’aspirer leurs senteurs !
Là-bas du Dieu fleuri des treilles
Se gonflent les grappes vermeilles.
Heureux, sous la vigne abrité,
Qui peut dans ses bras prisonnière
Presser une jeune beauté
Respirant Vénus tout entière !


LVII

SUR SA VIEILLESSE


 
Mes tempes ont blanchi, blanche est ma chevelure ;
La santé, la jeunesse à la rose figure
Ne marchent plus à mes côtés ;
Et vieilles sont mes dents, et morne ma paupière :
Désormais pour jouir de la douce lumière
Bien peu de jours me sont comptés.

Et j’y songe souvent, et mon cœur se lamente ;
Car je crains le Tartare et sa plage inclémente,
Séjour aux vivants inconnu.
Y descendre est terrible, et, penser plus terrible
Encor, du noir Hadès et de sa nuit horrible
Jamais mortel n’est revenu.