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PRÉFACE





Souvent sur la grève natale,
Près du cap où le soir prolongeait sa rougeur,
Après la tourmente fatale,
Après l’âpre ouragan, j’errais seul et songeur.

En larges nappes apaisées,
La mer, la vaste mer, rentrait dans son repos.
Câbles rompus, vergues brisées
Déferlaient à mes pieds dans l’écume des flots.

Ô mer ! sous tes fureurs sauvages
Combien d’esquifs, combien de vaisseaux engloutis !
Quelques débris sur nos rivages
Sont les seuls messagers de ceux qui sont partis.

Ils sont partis, le vent aux voiles,
À leurs mâts pavoisés le soleil radieux.
Puis la nuit vint, — nuit sans étoiles !
Ils dorment maintenant sous les flots oublieux.