Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/165

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Buvant son âme odorante,
Sur la fleur s’endort mourante,
Ivre d’arôme et de miel.

Cette rose, c’est ta bouche.
Oh ! bienheureuse la mouche
Pour qui la fleur doit s’ouvrir !
Qui du miel dont tu me sèvres,
Un jour, pourra sur tes lèvres
Boire l’ivresse et mourir !


XII

LES DEUX CORBEAUX


 
Un jour morne et blafard s’éteignait dans la nue ;
À l’horizon brumeux grondait le flot des mers.
Des arbres dépouillés la flèche aride et nue,
Squelette au noir profil, se dressait dans les airs.

Sur la grève lugubre où rampait la lumière
J’errais et j’entendis se parler deux corbeaux.
L’un à l’autre disait : « Où dînons-nous, mon frère ?
L’espace est nu, la neige a durci les tombeaux. »