Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/168

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Comme vous, bois sacrés, couché dans la poussière,
De l’herbe sur mon sein, sous ma tête une pierre,
Bientôt je dormirai ! — mais, plein des jours passés,
Qui me rendra les pleurs que sur vous j’ai versés ?

Qu’importe ! Hâtez-vous, fugitives années !
Hâtez-vous ! l’heure est vide et mes fleurs sont fanées.
Pourquoi, tombeau vivant, survivre à ses beaux jours ?
Mon cœur est le sépulcre où dorment mes amours.

Imité de Cowper.


XIV

LE SOLDAT


 
On marche aux sons voilés du tambour. Sur la plaine
Le soleil luit ; l’oiseau vole au bord du chemin.
Oh ! que n’ai-je son aile ! oh ! que la vie est pleine
De tristesse ! Mon cœur se brise dans mon sein.

Au monde je n’aimais que lui, mon camarade,
Que lui seul, et voici qu’on le mène à la mort.
Pour le voir fusiller défile la parade ;
Et c’est nous, pour tirer, nous qu’a choisis le sort.