C’est l’heure où le cœur se replie
Dans un amer recueillement,
L’heure, où des maux de la patrie
Chacun, dans son âme meurtrie,
Couve l’altier ressentiment ;
L’heure des détresses communes
Où chacun à tous doit s’unir,
Et, navré des mêmes fortunes,
Des représailles opportunes
Attend le jour lent à venir.
Vienne ce jour, ô mère ! ô France !
Jour trois fois cher à tes enfants,
Et des cœurs vibrant d’espérance
Jaillira pour ta délivrance
La strophe aux mètres triomphants !
Alors, sans fureur qui t’égare,
Mais sur tous levant ton flambeau,
Le Hun fratricide et barbare
Pourra te voir, comme Lazare,
Sortir vivante du tombeau !
Alors... Trêve aux paroles vaines !
Le silence au vaincu sied mieux.
Laissons le soleil dans nos veines,
Comme la sève aux troncs des chênes,
Refaire le sang des aïeux !
Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/246
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