Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/265

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Parcs et châteaux, grands bois ombrageant ta ceinture,
          Peuvent au Hun servir d’abris :
Ils tombent ! — A ton deuil solennel la nature
          Mêle son deuil et ses débris.
Adieu, palais ! adieu jardins aux beaux feuillages !
          Parcs ombreux, séjours fortunés,
Vous, du moins, par le Hun alléché de pillages,
          Vous ne serez point profanés !
Écroulez-vous, châteaux ! brûlez, champs magnifiques !
          Vallons, délices de l’été,
Fraîches villas, brûlez ! tombez, bois pacifiques,
          Pour le salut de la cité !
Et sur la glèbe nue, ô Paris ! tu te dresses
          Sublime, au loin versant l’effroi.
Qu’il vienne, l’agresseur convoitant tes richesses,
          Le vide est fait autour de toi.
Et poursuivant ton œuvre, — œuvre religieuse, —
          Tout sacrifice t’est léger ;
Et chacun sent en soi ta foi contagieuse
          Grandir, et braver l’étranger.
L’héroïsme s’embrase à ton altier courage,
          La guerre campe en tes faubourgs ;
Et pour mener à fin ce gigantesque ouvrage,
          Il t’a suffi de quelques jours.
Et quand le Hun pillard accourt, horde innombrable,
          Guerrière aux yeux dardant l’éclair,
Il te voit, l’arme en main, tranquille et formidable,
          Debout dans ton corset de fer !