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Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/272

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Sur un nef ailée, intrépide merveille,
          Ouvrir sa route aux champs de l’air.
Le ciel du moins est libre ! Allez à la pleine ailes,
          Ballons et ramiers messagers,
Allez ! et que la France ait par vous des nouvelles
          De la ville aux fiers assiégés...
Autour de toi la plaine est nue et désolée,
          Ton fleuve y dort, morne et glacé ;
Les bourgs incendiés fument dans la vallée,
          Les bourgs où la Prusse a passé !
Debout sur tes remparts et la main sur ton glaive,
          A tes pieds les canons béants,
Tu suis d’un long espoir le ballon qui s’enlève,
          Fendant l’espace à bonds géants
Il va... Soufflez du Nord, vents aux ailes de neige,
          Montez du sol, brouillard légers,
Voilez au Hun qui guette, accroupi dans son piège,
          La nef aux hardis passagers !
Le ciel est une issue, et l’espace une voie :
          Montez, globes navigateurs !
Pour atteindre le but où Paris vous envoie,
          Des cieux traversez les hauteurs.
Volez au sud, volez vers la tiède Provence,
          Vers l’Ouest, la terre aux genêts d’or ;
Que l’âme de Paris sur vos ailes devance
          La foudre au fulgurant essor !
Hâtez-vous ! — Vous portez en vos flancs, lest sublime,
          L’espoir, le génie indompté,
L’exemple et l’héroïsme et la fortune opime