Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

          Les forfaits de l’invasion,
La Prusse en nos cités promenant la tuerie,
          Semant la dévastation !
Comme aux murs d’Elseneur, victime fraternelle,
          L’Ombre d’un père assassiné
Armait le cœur d’Hamlet de sa haine éternelle
          Contre un meurtrier couronné ;
O martyrs ! dans nos nuits, ô Héros ! dans nos veilles,
          Apparaissez! répétez-nous
Ces mots sacrementels vibrant à nos oreilles :
          « Souvenez-vous ! souvenez-vous ! »
Souvenez-vous du Nord déchaînant ses repaires
          Sur nos champs, nos toits saccagés !
Vivants ! souvenez-vous qu’en les vengeant vos pères
          Sont morts et ne sont point vengés !
Souvenez-vous des maux sans nom, des durs outrages
          Par notre France, hélas ! soufferts ;
De l’Alsace expiant ses fidèles courages
          Par l’abandon et dans les fers !
Souvenez-vous du joug où gémit la Lorraine !
          Que le briser soit votre espoir !
Fils d’un sol envahi, que pour vous tous la haine
          De l’étranger soit le devoir !
Souvenez-vous enfin que soûle de carnage,
          Se gorgeant d’or sur nos débris,
Cette docte Allemagne, en sa fureur sauvage,
          A rêvé de brûler Paris !