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Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/287

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          Gorge d’or ton vainqueur repu.
Un jour il te rendra cette rançon royale
          Et tout le sang qu’il t’aura bu !
Laisse venir le jour des complètes revanches,
          Jour vengeur de l’iniquité !
A l’arbre mutilé reverdiront ses branches :
          Tu referas ton unité.
Attends le jour sacré des justes représailles.
          Comme Antée à terre abattu,
Appuyée à ton sol aux vivaces entrailles,
          Reprends ta force et ta vertu.
Refais ton sang, refais tes mœurs ! d’une main ferme
          Jette au loin tes corruptions,
Tes rois, tes empereurs ! Sois libre ! A jamais ferme
          L’ère des révolutions !
Depuis quatre-vingts ans, France, ta marche oscille :
          Changeant de dogme et de contrat,
Essayant tout, tu vas du fourbe à l’imbécile,
          De l’imbécile au scélérat !
Cesse enfin ce jeu sombre où pâlit ta fortune ;
          Mets en toi seule ton espoir.
Chasse des prétendants la cohue importune,
          En tes mains garde le pouvoir.
Ils s’offrent à l’envi pour guérir tes blessures :
          Docteurs pourvus d’orviétans,
Ils reviennent de loin, leurs recettes sont sûres ;
          Mais qu’on se hâte ! il n’est que temps !
Il est temps, en effet, que ta voix congédie
          Tous ces revenants du passé !