Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/56

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Avril ! ton souffle ami, pour la première fois,
Se jouait à mon front sans en dissiper l’ombre.
Dans tes clartés baigné mon esprit restait sombre.
Me rappelant ma vie aux vœux inécoutés,
Et mes printemps déçus, et mes jours avortés,
Je songeais tristement combien vite on oublie…
Et plein de pitié tendre et de mélancolie,
Tandis qu’à mes côtés tout naissait pour fleurir,
Moi, d’un sommeil sans fin j’aurais voulu dormir,
Et, près d’Elle couché sous la mousse embaumée,
Mêler ma cendre heureuse à sa poussière aimée !