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Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/85

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Emplit incessamment son esprit misérable.
De ses remords secrets cette Voix est l’écho :
Inflexible, pareille à l’ombre de Banquo,
Elle assiège sa table, elle hante sa couche ;
Et sans cesse il entend cette invincible bouche
Lui crier : « Lève-toi, fourbe ! et d’un sceptre d’or
Dans le sang ramassé charge ta droite encor !
Le sein qui t’accueillit ne bat plus, ô couleuvre !
C’est bien ! Mais hâte-toi ! vite, achève ton œuvre !
Le siècle est ton complice et l’abîme est content :
Vite, sois empereur, bandit ! l’enfer t’attend !
Ainsi que pour Judas, le juif au cœur sordide,
Il n’est point de pardon pour le liberticide ! »


XII

Poètes ! sur vos fronts pèse un siècle de fer.
Il est dur en ses chants de voir s’ouvrir l’enfer,
Et d’y plonger vivants, et d’un vers implacable,
Ceux-là qu’à réprouvés la Muse irrévocable.
Même contre le mal la haine est un tourment.
Inflexible est l’esprit, mais le cœur le dément.
Votre orage est pareil, ô natures aimantes !
À ces climats de flamme aux subites tourmentes :
Le sol tremble, l’abîme ouvre un gouffre effrayant,