Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/222

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De Chénier disciple fidèle,
Au but pour atteindre en vainqueur,
Tu veux laisser croître ton aile,
Tu veux laisser mûrir ton cœur.

Tu sais ta force et t’en contentes ;
Comme à la fleur tu tiens au fruit :
Les muses graves que tu hantes
Aiment la gloire et non le bruit.

Dans ses lentes métamorphoses
Étudiant l’Art éternel,
Pour toi, du suc choisi des choses
En silence tu fais ton miel.

Heureux de leurs jeunes victoires,
Tu t’en réjouis à l’écart,
Mais tu restes épris des gloires
Des vieux patriarches de l’Art.

Poursuis ainsi, de nul système
N’accepte le joug importun ;
A toute fleur, à tout poème
Ne prends jamais que le parfum.

Admire et sens ! jamais n’imite !
Et le beau, cherche-le partout !
L’Art ne connaît point de limite,
Hormis la limite du goût.