Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/227

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C’est là qu’après des jours d’accablantes chaleurs,
Les Noirs, venus des champs aux tombantes lueurs
D’un beau soir, attentifs au vieux chef qui commande,
S’assemblaient pour répondre à l’appel ; puis la bande
Se divisant, les uns préparaient le repas,
Les autres s’asseyaient en attendant, hélas !
Qu’avec l’ombre et le calme et l’oubli de leur peine
Le sommeil descendît sur leurs têtes d’ébène.

Quelquefois l’un d’entre eux, — tandis que dans les cieux
Les astres agitaient les cils d’or de leurs yeux,
Et que la lune blanche aux lueurs fortunées
Argentait des palmiers les feuilles satinées, -
Debout dans la lumière et les regards baissés,
Quelquefois l’un d’entre eux, écoutant ses pensers
Et du soir respirant la fraîcheur molle et sobre,
Disait, accompagné des sons plaintifs du bobre,
A ses noirs compagnons sur les herbes assis,
La naïve chanson qu’on chantait au pays.



O toit de mon enfance, o scènes effacées,
Dont le souffle en passant rajeunit mes pensées !
Vallon de mon jeune âge et de mes jours heureux,
Et vous, arbres aimés, vieux témoins de nos jeux,