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Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/42

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L’arbuste à la feuille éphémère,
L’arbre à la tige séculaire,
De leur mobile et frais mystère
Voilaient les rochers ombragés ;
Et l’onde de ses larges veines,
Tombant en cascades hautaines,
Allait abreuver par les plaines
Les champs qu’il avait protégés.

Pour ce sommet sans chevelure,
Pour ce front haut et sans cimier
Point de panache de verdure,
Jamais de gracieux palmier.
Mais qu’importe, ô piton sublime !
Tes pieds dépassent toute cime ;
De l’éther emplissant l’abîme,
Ton ombre au loin couvre les mers !
Ta masse résiste aux orages,
Et des monts à qui tu surnages,
Nul ne porte au sein des nuages
Plus haut la tête dans les airs !

Que t’importe aussi qu’on t’oublie,
Homme loyal au cœur altier ?
Qu’importe à ta tête blanchie
De vieillir chauve de laurier ?
N’abrites-tu pas de ton ombre
La meute au regard louche et sombre,