Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/49

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C’est vers lui, n’est-ce pas, que ta tige s’incline ?
Oh ! dis-moi tes ennuis ! Pour les peines du cœur
Ma lèvre n’eut jamais un sourire moqueur.
Au zéphyr je dirai d’adoucir son haleine
Pour monter vers ton lys et lui conter ta peine ;
Et je prierai l’abeille à la bouche de miel,
L’insecte aux ailes d’or qui passe dans le ciel,
Et ma muse aux doux yeux, ma muse au doux langage,
De lui porter pour toi quelque amoureux message.

Et la fleur, vers ma voix se penchant doucement,
Douce, me répondit : « Poète, mon amant
M’aime et je l’aime aussi ; quand ma tête inclinée
Fléchit, c’est que pour lui lourde est la destinée.
Il vit sur la montagne, et moi dans ces vallons,
Seule à l’abri, je crains pour lui les aquilons.
Leur souffle est si puissant, et sa tige est si frêle !
Voilà quelle est ma peine incessante et cruelle. »

De partout, ô Seigneur ! l’espérance s’enfuit ;
L’illusion s’effeuille et le doute nous suit.
L’inquiétude habite, hélas ! le sein des femmes.
Rends la rosée aux lys et l’espérance aux âmes,
Viens d’un rayon d’en haut, Dieu ! viens sécher nos pleurs,
Et prends enfin pitié des hommes et des fleurs.


Mai 183….