Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/52

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Et le hardi pêcheur dont la barque rapide
Bondit légèrement sur la nappe limpide,
Et l’oiseau que la nuit a surpris sur les mers,
Voyant bleuir au ciel ta forme aérienne,
Orientant leur vol sur ta cime lointaine,
S’avancent au roulis berceur des flots amers.


 Et ton front d’un azur intense,
Aux clartés de l’astre songeur,
Apparaît plus sombre à distance
A l’œil pensif du voyageur.
Il voit l’essaim des paille-en-queue,
Qui font d’un coup d’aile une lieue,
Tachant de blanc la voûte bleue,
Regagner l’île aux verts îlots.
Et ta masse antique et profonde,
Qu’une clarté d’opale inonde,
Semble le noir spectre de l’onde
Debout sur l’abîme des flots.

Ah ! devant ton profil austère
Combien de siècles ont passé !
Sur ton granit que rien n’altère
Le pas du temps s’est effacé.
Que de jours de calme et d’orage,
Et de trombe et d’ardent mirage,
Et de tourmente et de naufrage,
Pour ton œil séculaire ont lui !