Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/94

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Puisque à mes yeux ton front se voile,
O lys que trahit son odeur ;
Puisque, invisible et chaste étoile,
Tu t’enfermes dans ta pudeur ;

Garde ton ombre, âme discrète !
Sainte est pour moi ta volonté.
Mais, ô muse ! que le poète
Toujours te sente à son côté.

De tes songes peuple mes rêves,
De mes chansons enivre-toi :
Pareille à l’oiseau blanc des grèves,
Plane sans cesse autour de moi !

Sois l’Ariane pure et blonde
Qui, m’inspirant dans mes sommeils,
Me conduise à travers le monde
Par le fil d’or de ses conseils.

Loin des bruits de la multitude,
Sois mon nid dans les rameaux verts ;
Le palmier de ma solitude
Où viendront s’abriter mes vers.

De mes flots troublés sois le cygne.
Garde-moi ta douce pitié,
Car j’ai souffert, et je suis digne
Que quelqu’un m’ait en amitié.