Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/126

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Enfin, le jour de la libération vint pour l’élève-assassin, et le maître alla l’attendre au guichet de Poissy, comme s’il avait eu peur de le voir échapper au crime.

Hélas ! il y a certains êtres que le vice tient si fortement qu’il n’y a pas moyen pour eux d’en dépouiller la chaîne. À la porte de Clichy, la courtisane et l’usurier attendent le fils de famille auquel il reste encore quelques ressources. D’horribles femmes, par des secours intéressés, augmentent les dettes de la fille de joie tenue sous les verrous, pour la happer à sa sortie de Saint-Lazare. Le recéleur est posté aux alentours de la Force, et c’est aux bras d’un Lacenaire qu’Avril se précipite en quittant les ateliers de Poissy ! On dirait la fatalité antique venant ressaisir ses victimes au moment où elles pourraient fuir son étreinte !

La fugue d’Avril après sa sortie s’était prolongée pendant plus d’une semaine, et, dans cet intervalle, il commit plusieurs vols avec un certain Fréchard et la maîtresse de cet homme. Quant à Bâton, qui avait relancé Lacenaire, il lui jurait sur ses grands dieux de le seconder vaillamment, s’il voulait former une autre entreprise sur les garçons de caisse. Malgré son peu de confiance dans un auxiliaire aussi mou et aussi lâche, l’entrepreneur accepta son concours, et alla trouver, rue de Sartine, no 4, un de ses amis nommé Coutelier, afin de lui demander à disposer de son appartement. Le maître de ce logis, ignorant l’usage auquel il devait servir, consentit à le prêter, et Lacenaire alla retrouver Bâton pour l’avertir de se tenir prêt. Mais il fut bien étonné en retrouvant Avril avec le figurant de l’Ambigu. Le libéré