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Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/223

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D. Il y a une circonstance qui semble donner bien de la force à la déclaration de ce témoin. Vous avez parlé de dix mille francs à gagner et de mille francs pour la part du complice ; mais vous auriez eu soin de ne nommer ni le lieu, ni la personne sur laquelle le meurtre aurait été commis.

R. La déposition du témoin est invraisemblable, puisqu’il connaissait Chardon aussi bien que moi.

D. Vous n’avez pas désigné Chardon par son nom, mais par le sobriquet de ma tante, qui, en terme d’argot indique des mœurs infâmes, et comme Chardon était connu pour avoir de pareilles mœurs, il l’a ainsi reconnu.

D. Après le 14 décembre, êtes-vous allé loger dans le même garni que Lacenaire ?

R. Je suis allé avec lui chez Mme Desforets. J’ai logé avec lui, rue Montorgueil, jusqu’à ce que j’aie été arrêté pour une fille publique. Pendant ce temps, Lacenaire a vendu les meubles dont nous avions payé chacun la moitié.

D. Qui avait acheté les meubles ?

R. C’est Lacenaire. Il m’a dit qu’il avait de l’argent provenant d’une pièce qu’il avait faite pour M. Scribe (rires d’incrédulité) et de chansons vendues par lui à M. Vigoureux, caissier du Bon-Sens.

D. On doit trouver extraordinaire que vous ayez attaché votre sort à celui de Lacenaire, de façon à ne pas le perdre de vue au moment où il venait de commettre un crime aussi atroce ?

R. Il fallait bien vivre quelque part.