Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/280

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des avocats et aux discours prononcés par les accusés eux-mêmes.

Cependant, avant d’aborder cette partie finale des débats, il nous faut mentionner deux incidents assez importants relatifs à Pageot et au fameux Bâton, le comparse de l’Ambigu.

La déclaration du logeur Pageot, son attitude embarrassée devant la Cour, ses mensonges évidents, sa clientèle de scélérats recrutés dans toutes les sentines de Paris, et surtout les surcharges préméditées de son livre de police, avaient excité dans l’auditoire et sur le banc des avocats de fréquentes marques de surprise. Pageot avait inspiré tant de dégoût à l’audience, que lorsqu’il vint s’assoir avec sa digne moitié sur les bancs réservés aux témoins, ceux-ci, par une sorte de répulsion instinctive, s’éloignèrent vivement d’eux comme s’ils s’étaient donné le mot, pour établir une espèce de cordon sanitaire autour de ce couple répugnant. Tous les auditeurs s’attendaient à voir Pageot appréhendé au corps pour faux témoignage,et leur étonnement fut grand lorsqu’ils le virent regagner paisiblement, comme tout le monde, son affreux domicile ; mais, ce que le ministère public avait jugé à propos d’ajourner, fut fait à l’audience du lendemain.

— À la fin de l’audience d’hier, dit M. l’Avocat général, nous demandâmes que le registre de police tenu par le logeur Pageot nous fût remis. Notre intention était de faire contre ce témoin des réquisitions que nous croyons fondées. Nous demandons, dès à présent, qu’il soit tenu note par le greffier des faits déclarés par ledit Pageot,