Page:Lacerte - L'ange de la caverne, 1922.djvu/100

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sur ses rainures ; elle était enfermée dans la bibliothèque !… Ce qu’elle craignait tant, depuis le matin, était arrivé !

Un immense découragement s’empara de la jeune prisonnière et elle comprit, plus que jamais, son impuissance à lutter contre Castello, Lucia et le personnel de la caverne. Elle était aux mains de véritables bandits et impuissante à se défendre ou à s’évader… Des larmes coulèrent sur ses joues pâlies… Le Docteur Stone ferait l’impossible pour la délivrer ; de cela elle était convaincue… Mais que pouvait-il ?… En demandant au médecin de la sauver, n’allait-elle pas exposer celui-ci au danger ?… Qui sait ce dont ces monstres étaient capables ?… Et si le Docteur Stone allait risquer sa vie pour elle !… Si ce Castello s’apercevait de quelque chose, bien sûr, il n’hésiterait pas à assassiner ou faire assassiner le médecin… Éliane pensa à Castello, à Goliath, à Samson, trois Hercule…

« Mon Dieu, » pria-t-elle, protégez-nous… lui et moi ! »

« Allons ! Au travail ! » se dit Éliane, ensuite. « Dans moins d’une heure à présent, on me rendra ma liberté, sans doute… L’œil de Dieu pénètre jusque dans cette caverne : Il me protégera.

Puis la pauvre enfant se mit à chanter tout haut, comme font les petits, dans l’obscurité… parce qu’ils ont peur.

Éliane commença à placer les livres sur les tablettes du petit couloir, et elle y travaillait depuis quelques instants, quand elle crut entendre un soupir non loin d’elle… Elle s’arrêta et écouta… Oui, elle entendait distinctement un autre soupir… Éliane sentit ses jambes se dérober sous elle… Qu’était-ce ?… Elle était bien seule pourtant, enfermée dans la bibliothèque… Ce soupir ?… Bientôt, elle perçut une sorte de plainte et elle crut s’évanouir de peur… Il y avait certainement quelqu’un, non loin, mais, où ?… Pas dans la même pièce qu’elle ; c’était impossible !… Encore ce soupir… puis cette plainte…

« Y a-t-il quelqu’un ici ? » demanda-t-elle d’une voix tremblante. « Qui se plaint ainsi ? »